La guerre des parrains corses
Jacques FollorouDepuis, les règlements de comptes se succèdent à mesure que de nouveaux groupes tentent de prendre la place et mettre la main sur les affaires. Mais aujourd'hui, alors que le milieu corse avait su tenir à distance l'appareil policier et judiciaire, il voit ses affaires contrariées et le moindre début d'emprise est contesté par des arrestations.
D'autres réseaux criminels se sont implantés sur le territoire français. Les Corses doivent désormais composer avec eux comme avec certains caïds des cités devenus trafiquants de drogue de grande envergure.
C'est l'alliance inédite et généralisée entre les gros voyous traditionnels et les caïds de banlieue. Est-ce la fin des parrains corses ou une simple période de recomposition où la sélection naturelle fera son œuvre et laissera émerger de nouvelles figures ? Pour le comprendre, il faut partir dans les villages perchés des montagnes corses comme dans les places financières de Londres ou de Genève.
Depuis quatre à cinq ans, la drogue a envahi la Corse et les projets immobiliers crapuleux illustrent la pression généralisée sur le foncier insulaire.
Enfermés dans leurs affaires de vendetta, désireux de conserver leurs prébendes, réfugiés dans leurs villages ou en cavale l'autre bout du monde, les membres du milieu corse tentent, comme leurs ancêtres l'ont fait dans le passé, de s'adapter aux nouvelles formes de criminalité, pour survivre et conserver leur leadership.