La chute de l'espigoulier

Laurent connaissait ce col comme sa poche. La Sainte Baume et le Garlaban étaient son jardin, le col de l’Espigoulier était son refuge. Il s’y rendait très souvent pour ses entraînements ou pour de simples promenades de vélo, la tête en permanence inondée de musique. Rachmaninov et le lunaire Bill Evans roulaient avec lui. Dans leur sillage suivaient Chopin et le solaire Oscar Peterson.
Pourtant, en ce dimanche de juillet, le col lui réserve une surprise, voire une traîtrise à laquelle il ne s’attendait pas tant il lui était fidèle depuis des années.
Cette journée de vélo et une pause forcée, qu’il aurait préféré éviter, lui auront donné l’occasion de passer en revue les années qui ont traversé sa vie dans un monde toujours plus fou, incapable de tirer les leçons douloureuses de son Histoire et sur lequel il portera un jugement sans concession.
Mais comment changer ce qu’il ne pouvait accepter ?